
Rubrique sur la sexologie – approche scientifique de la santé sexuelle – sa physiologie, sa pathologie et sa thérapie.
Par Anna Ponomareva (Masseur-kinésithérapeute D.E. , DIU Etude de la sexualité humaine)
La médiatisation actuelle des questionnements autour de la sexualité et des violences sexuelles ne permet pas toujours de prendre le recul nécessaire à l’appréhension de la santé sexuelle, en particulier quand il s’agit de nos patients. Il n’est pas étonnant que nos patients nous rapportent une éventuelle dysfonction sexuelle à nous, en dehors de toute étiquette de sexologue pour la plupart des kinésithérapeutes, si l’on prend en compte la proximité physique et émotionnelle qui s’installe souvent en rééducation. Dans ce contexte, la disponibilité intellectuelle du kinésithérapeute et sa neutralité thérapeutique absolue sont les clés d’une réponse adéquate à la plainte sexuelle.
Tout d’abord, nous pouvons rassurer la personne sur la légitimité de sa plainte. La promotion de la santé sexuelle et le respect des droits sexuels de chacun sont des priorités reconnues par les textes internationaux et des actions des pouvoirs publics.
Ensuite, il est souvent utile de dédramatiser les symptômes, en rappelant qu’un grand nombre de femmes et d’hommes souffrent de difficultés sexuelles en France et dans le monde. Malheureusement, ils ne sont que très peu à oser évoquer ces problèmes avec le médecin et pouvoir ainsi bénéficier d’une prise en charge appropriée. Les dysfonctions sexuelles appartiennent pourtant bien au domaine médical, bien qu’elles soient indissociables des valeurs individuelles et morales et ce, plus que d’autres pathologies.
En tant qu’acteurs du système de santé, nous pouvons donc répondre aux demandes de nos patients dans la limite de nos compétences, en les prenant en charge pour ceux d’entre nous qui sont formés en sexologie, ou en les orientant vers un autre thérapeute sexologue (médecin, psychologue, sage- femme…), en priorité issu d’un annuaire de confiance : celui de l’AIUS ou du SNMS.*
Enfin, sans oublier que la sexualité est ce qu’il y a de plus intime et que le fait de l’aborder est déjà une démarche importante pour les patients. Dans ces conditions, on peut supposer que notre attention et notre écoute bienveillante sont déjà un début de traitement.
* AIUS = Association Interdisciplinaire post-Universitaire de Sexologie www.aius.fr
SNMS = Syndicat National des Médecins Sexologues www.snms.org
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